« Confiez votre raison a Gregory et il en fera des confettis. »

L'une des nombreuses devises de Gregory. Celle-ci est la plus personnelle qu'il n'est jamais dite, la plus complaisante vis-à-vis des autres. Ne pas s'y fier est un comportement purement ingrat, voire même suicidaire. Car il s'agit de l'adage d'un sage casse-pieds, qui vous fera expier votre désinvolture. De quelle manière ? Eh bien, en vous brossant un portrait peu élogieux devant vos collègues, en vous humiliant devant votre intime, ou encore en chantant une chanson à votre honneur remplie de pensées courtoises et élégantes lors d'un repas de famille le soir de Noël. Les occasions ne lui manquent jamais et, il faut en être sûr, Gregory parvient toujours à ses fins lorsqu'on lui manque de respect. D'ailleurs, personne n'est obligé d'en venir au mépris pour qu'il s'acharne sur quelqu'un ! Après tout, un importun n'a besoin de rien pour accomplir ses méfaits. Même ! Il en éprouve un grand plaisir lorsque les gens ne s'y attendent pas et n'en voient pas les raisons !

Par malheur, Gregory a la fâcheuse tendance à voir ce qu'il ne devrait pas qu'il voit, à entendre ce qu'il ne devrait pas qu'il entende et à faire des liens entre tout ce qu'il apprend qu'il ne devrait pas faire. Yeux de faucon, mémoire d'éléphant et langue de vipère sont autant de compliments qui lui siéent à merveille. Il ne peut se passer un seul jour sans que Gregory analyse tout autour de lui, récolte des informations (qu'il garde précieusement « au cas où ») et déverse sa bonhomie sur les personnes qu'il croise. Bonhomie non communicative, du reste, car ce qui l'amuse n'amuse pas les autres. Quel dommage pour eux ! S'ils s'ennuient, Gregory se divertit (au désagrément des autres, certes, mais seul son bonheur personnel l'intéresse. Après, c'est une question de goûts... Et comme chacun le sait, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas...).



Gregory est quelqu'un de difficile à cerner, c'est pourquoi il est ardu de définir son caractère. Tout ce que les gens savent de lui se limite à son intelligence remarquable et remarquée, son indiscrétion, son incroyable capacité à agacer et son indéfectible envie de sucreries. Mais qui se demande pourquoi et comment ? Sa vie a forger son caractère, et c'est en écoutant son histoire que nous pouvons tenter de le comprendre...


Physique :

Gregory traîne ses pantoufles jusque dans la salle de bain. Il regarde sa silhouette sombre dans le miroir en pied, prend des positions dignes d'un catcheur et, avec un air de défi, tend son bras vers l'interrupteur.

Clac !

Son air dépité en dit long sur le reflet de son image que lui renvoie ce miroir fourbe ! Il est vrai que, la cinquantaine passée, on ne peut plus espérer un corps d'Adonis, mais quand même. Gregory essaie de sculpter son buste, transformant son ventre un peu rond en des abdominaux éphémères, se force à faire ressortir ses pectoraux et se tient droit pour rendre ses épaules tombantes plus fortes. Eh ! Ça fonctionne ! Jusqu'à ce qu'il relâche son souffle.

Il s'approche du miroir en grattant sa barbe de trois jours. Il paraît que ça plaît aux filles, même si ce n'est pas pour cette raison qu'il la laisse pousser. Gregory voit ses tempes grisonnantes et passe une main dans ses cheveux poivre et sel. Ça aussi, ça plaît aux filles ! Mais il s'en moque. Son visage aux traits éternellement jovial est maussade, presque sans vie. Gregory sort un carnet de la poche de son short et écrit « Éviter de dépasser quatre vers de vin après trois heures du matin. Important. » Il lève une nouvelle fois son regard vers le miroir et est surpris par la vivacité de ses yeux d'un bleu perçant. Même après un lendemain de cuite, son regard reste rapide et éveillé. Gregory tente une dernière fois de poser à la façon mister univers et grogne en ne voyant pas l'effet escompté. Il reprend son carnet, gribouille dessus, arrache la page, la colle bien en évidence sur le miroir et retourne se coucher...

« SE METTRE AU SPORT TRÈS RAPIDEMENT. Important, important, important, impor... »